La physiologie quand tu étais là
Lorsque j’étais dans la nuit
les petites tâches de mon corps
avaient la lourde odeur du feu
tes petits yeux jaunes s’écoulaient
sur les tuyaux de ma bouche
tu prenais dans ta main
une forme qui criait mal
Lorsque j’étais dans la nuit
nous allions au jardin
et nos draps étaient très doux
c’était l’heure de prendre ses affaires
et de les plier dans la gorge
tu préparais du bon pain
et nous nous mordions les doigts
Lorsque j’étais dans la nuit
mon corps était tout près de la mort
et tu murmurais des phrases très anciennes
que je n’ai jamais pu comprendre
tu dessinais des serpents dans mes oreilles
et sur mon cou
tu savais bien la fin de l’amour
et nous étions en hiver
et nous étions dans la nuit
et nous étions très près de la mort
Laura Vazquez
Photographie Laura Vazquez
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la journée ne fait
que soupirer
passent de gros nuages
noirs
je n'ai pas vu d'oiseaux
depuis bien
longtemps
(je m'en fous à vrai dire)
avec une collègue
fumer une clope
sur le parvis
humide
et sautiller sur place
pour ne pas prendre
froid
discuter du boulot
de la paie
de l'ambiance
de la fin du contrat
dans un peu plus
d'un mois
apercevoir
les silhouettes
dans
l'open-space
éclairé de
néons sales
et au milieu de tout
ça
se sentir tenu
par la laisse
d'un invisible
maître
Thierry Roquet
Des coups de bec
pourquoi ne me reste-t-il de
cette entrevue que l’arrière
plan de la faïence rouge et
blanche sans rien d’autre de
la personne avec qui j’ai parlé
au bord de l’océan je voulais
manger un jambon beurre
et revenir ensuite à pied serein
semant aux mouettes miettes
et sable si cela me revient
maintenant que je pense à ces
oiseaux de mer j’avais
déclaré au serveur
qu’on sentait moins
les coups de bec vers midi
et il m’avait répondu que non
en ce qui le concernait ces coups de bec
faisaient mal toute la journée et ça m’avait
coupé l’envie de déjeuner en
route des vagues à la place ?
Thierry Radière
Je veux
Je veux, je commande qu’il y ait de la surface.
Livrez m’en pour demain matin,
j’ai envie de le dire fort : rendez-moi tout ça !
Il se crée des habitudes mais on les claque.
Chacun fait son travail et tout le monde est en place.
Ok, coupez. Une simple lettre suffit
pour résoudre bien des soucis.
De la pluie ? Une lettre-type ? Vous l’aurez !
J’ai dit simplement mon numéro, j’ai répété pareil,
tu pourras écouter ce que j’ai fait.
C’est toujours beaucoup de travail, ça fait trois fois
qu’il dit qu’il vient, il n’est toujours pas venu.
Tu peux fermer avant si tu veux.
On en a maintenant la coutume : on a des rendez-vous
pour d’autres rendez-vous, pour une impression de répétition,
des hommes discrets marchent entre les allées,
je reviendrai frapper à ta porte, toutes tes portes,
on trouvera bien le chemin tout seul.
Ces animaux empaillés, est-ce que c’est des vrais ?
Ils sont beaux, ils sont bien faits.
J’ai un livre. En souvenir de la bonne époque,
de toutes nos soirées passées.
Je regarde maintenant de façon proche.
En fait les mots sont importants.
Si un jour j’en sors.
Tu peux toujours te nettoyer la langue, te tutoyer,
on ne dormira pas beaucoup demain,
cognez musique de fous,
ça m’épuise rien que d’y penser,
je me suis mis en tête.
Alexis Denuy
L'idée de jardin
Elle est perdue
dans les papiers
administratifs
de la ville
nous avons fait
la demande
Un carré de jardin
ouvrier
nous n’avons pas la main
verte
juste
l’idée bien citadine
Cela fait un an
ou deux
un râteau une pelletée
de temps
pour lire ce qui se cultive
et oublier
Les odeurs
terre fleurs tomates
barbecue en été
cris d’enfants
coccinelles et parties de foot
la petite voix à l’intérieur
ferrée
chapeau de paille
et les outils
au cabanon
rouillés
radio à piles
chansons à
semer
Peut-être un jour
par courrier
nous posséderons
un carré de terre à
laisser en friche
Jérôme Pergolesi
poème extrait de l'ensemble « Souvenirs et cauchemars »
Photographie :
"Vers les jardins ouvriers de Vitry sur Seine, le roi Soleil à bicyclette"
© R. Doisneau
Tricky
ce surnom
il le doit à un pari et à une chanson
ta tête ressemble à un yoyo / ton cou à un fil
à quinze ans
j’ai découvert que j’étais un gosse adopté
dit Tricky
je me suis tiré
parce que j’en avais marre d’entendre
ces deux espèces de fascistes
me marteler jour et nuit
qu’ils n’avaient jamais cessé de m’aimer
comme leur propre fils
et qu’il fallait que tout redevienne comme avant
ok
le pari était vraiment stupide
et la chanson continue de lui gratter encore
derrière l’oreille
à l’endroit même de la cicatrice
mais à la longue
il a fini par s’y faire
Jean Marc Flahaut
(extrait du recueil « Nouvelles du front de la fièvre » – à paraître aux éditions du Pédalo Ivre)
Tu n'es qu'un enfant
Tu n’es qu’un enfant
me disais-tu toujours maman,
et tu me l’as répété juste avant d’aller au ciel.
(à supposer que tu sois allée au ciel,
comme tu disais si bien,
en vérité moi je t’ai vue aller sous terre,
puis je ne t’ai plus vue,
mais je te crois sur parole).
Tu n’es qu’un enfant
me disais-tu toujours maman,
moi je ne te répondais pas,
sans doute parce que j’étais vraiment un enfant
mais maintenant je n’en suis plus un
et je te répondrais, un peu que je te répondrais…
Le jour où je suis entré en cachette dans la chambre
et que j’ai vu papa qui haletait, bavait, s’étranglait,
bref qui mourait, ou plutôt qui vivait,
je n’étais qu’un enfant maman.
Quand tu as dit à ta sœur Lele
mon fils est un crétin,
je n’étais qu’un enfant maman,
aujourd’hui je suis un homme,
un homme qui vend des robinets,
qui fait vivre sa femme et son fils
(même le chien ne manque jamais de croquettes),
qui a eu le courage de prendre un crédit à taux variable
et n’a jamais raté une seule mensualité,
qui possède une voiture avec le GPS
et un frigo de dernière génération.
Non, chère maman,
jamais un enfant ne placerait tous les robinets que je place.
Je suis un homme chère maman.
Et même si Biandini dit
que nous ne sommes pas des hommes
mais des numéros dans un système
quand je rentre à la maison le soir
et que j’enfile mes chaussons,
je le lui mets là où je pense son système
parce que j’ai une femme qui m’attend avec un repas bien chaud,
parce que j’ai un fils qui ne m’attend pas
et s’il est le troisième de sa classe
c’est juste parce qu’il n’est pas pédant.
Par conséquent chère maman,
si un jour nous nous rencontrons quelque part sous la voûte céleste,
ne vient pas me dire
que je ne suis qu’un enfant.
Le mieux, en fait, c’est que tu ne dises rien.
Andrea D'Urso, traduction Muriel Morelli
Photographie : Mauli Hans
J'ai trouvé un boulot récemment On apprend les règles
élémentaires de
la survie
en milieu urbain en
milieu professionnel
au fil de l'eau
Toi tu connais
la plupart des
hôpitaux de
la région parisienne
moi j'écris
de temps en temps
du vécu des poèmes -
qui n'intéressent pas
grand monde - peu
importe
On reste ici
ou là (pas très loin)
enfermés
la plupart du temps
libre
dans notre appartement
de l'avenue Pierre Larousse
les autres filent et
défilent à côté de
cette bulle - le mouvement se
dérobe
Et nous ne savons plus
trop quoi
raconter
de
neuf de grisant
qui aille au-delà
des conventions
- le temps qu'il fait
bien sûr
revient souvent
J'ai trouvé un boulot
récemment et je m'y accroche
comme un mort de faim
tu me regardes faire
surprise
et fière dis-tu
car c'est un bon début
un bon recommencement
-mais jusqu'à quand ?
Je ne poserai pas la
question
ce ne serait pas une bonne
idée.
tant
l'équilibre est
fragile
- il me semble
Thierry Roquet
Entre deux lumières puis par moments la boutique
revient avec ses barrettes en
plastique vert près des têtes
mortes si douces et brillantes
qu’on en dirait des étoiles dans
un ciel froid la salive bloquée
une langue entre deux lumières
reste toujours des entailles sur
le marbre la sueur mutique et
ses piqûres de guêpes font
grossir le silence rougir la peau
jeune autour du vieux poteau
pensif sans énergie à faire
mieux mais plein d’écorces
le regard fixe la bouche tendue
un portrait sorti d’un songe
que la vitrine offre à la vinaigrette
des naseaux à se moucher de
l’huile et à vomir du sang
non ce n’est pas vrai que
tout s’efface quand c’est
écrit au marqueur indélébile
sous un porche où les cartons
n’ont pas encore été déballés
Thierry Radière
Tous d'accord Hier je n’ai pas fait ma tournée de boulot
pour placer des robinets.
Hier je suis allé à l’enterrement de Sergio.
Il est mort d’un infarctus dans les toilettes.
Mais certains disent qu’il est mort dans un lit,
qui n’était pas le sien.
Quelle importance, l’endroit où il est mort ?
dis-je, si aujourd’hui il est ici, en bière, sous la terre.
Et là-dessus tout le monde semble être d’accord.
Je ne sais pas qui était cette femme,
il y avait une très belle femme qui pleurait à l’enterrement.
En fait,
j’aimerais bien qu’à mon enterrement
il y ait une aussi femme belle qui pleure pour moi.
En fait,
c’est pas que ma femme ne soit pas belle,
mais je ne l’ai jamais vue pleurer et je n’arrive pas l’imaginer en pleurs.
Et puis si elle se mettait à pleurer
juste quand je suis là, sous terre, sans que je puisse la voir,
j’aurais comme une impression de mauvaise farce, voilà.
Après l’avoir mis là-dessous,
nous somme tous, ou presque, allés chez lui.
Ce n’est pas comme en Amérique où on vous offre à manger,
mais on m’a quand même offert à boire,
c’est son fils Manuel qui m’a apporté le verre d’eau,
je ne l’ai pas vu pleurer,
je l’ai vu jouer à la playstation dans sa chambre,
alors je suis entré et je lui ai dit
tu sais mon fils aussi il joue à la play
et il m’a répondu d’un air très sérieux,
c’est pas la play, c’est la X-Box.
Alors je suis redescendu,
et en cuisine impossible de ne pas remarquer
un robinet franchement bas de gamme
dont les jours, à mon avis, sont comptés.
Je ne m’attendais pas à ça de la part de Sergio.
J’étais prêt à rentrer chez moi chercher le catalogue
pour proposer à sa femme une solution adéquate
quand soudain elle s’est mise à hurler,
et à nous flanquer tous à la porte.
Andrea D'Urso, traduction Muriel Morelli
Ma vie idéale Dans ma vie idéale je vis aux Açores, mais je ne suis pas seul,
on vient souvent me rendre visite et je sers une tarte que j’ai faite moi-même,
à cinq heures de l’après-midi on prend un thé vert
et au coucher du soleil on va courir pieds nus sur la plage.
Dans ma vie idéale j’ai aussi une maison secondaire à New-York,
où je passe une semaine à chaque saison.
Noël, je le passe toujours au Cap Nord,
mais pour le quinze août, je préfère la Terre de Feu.
Le reste du temps, je ne bouge pas tellement
car dans ma vie idéale j’ai déjà beaucoup voyagé,
j’ai été en Chine, en Inde, en Australie, en Mongolie et au Canada
et je raconte souvent mes voyages
à ceux qui viennent me voir dans ma maison des Açores.
Dans ma vie idéale je cuisine très bien,
à la maison je mets toujours des lumières tamisées,
et toujours un disque classique en musique de fond.
J’adore les plantes de mon jardin, avec moi elles ne manquent de rien,
il m’arrive même de leur parler et parfois je parle même avec Dieu,
il m’écoute, me comprend et me sourirait aussi s’il savait le faire.
Dans ma vie idéale je sais reconnaître toutes les espèces d’arbres,
j’aime les légumes amers, je me déplace souvent en vélo
et j’ai construit moi-même le moteur de ma voiture, pièce après pièce.
Dans ma vie idéale je fais tout moi-même,
je répare souvent les sanitaires des voisins, sans rien leur demander en échange.
Eux m’offrent parfois du vin, mais je le garde pour la déco,
car le vin je le fais moi-même et il est très bon.
Dans ma vie idéale mes dents ne jaunissent pas et ne tombent pas,
mes cheveux non plus ne tombent pas, je les porte longs derrière,
ma barbe pousse régulière et dense,
je porte parfois des lunettes, même si j’y vois très bien,
j’ai parfois de grands maux de tête, c’est vrai,
mais je préfère ne pas prendre de cachet, je me le garde, mon mal de tête,
car je suis habitué à la douleur,
dans ma vie idéale je souffre beaucoup, qu’est-ce que vous croyez,
je suis du genre très mélancolique mais je ne me plains jamais,
je vais de l’avant et la douleur me rend de jour en jour plus fort.
Dans ma vie idéale je parle peu,
mais les autres rient de mes blagues et disent du bien de moi.
Dans ma vie idéale je suis quelqu’un de bien,
je fais souvent des œuvres de bienfaisance mais sans l’ébruiter
même si les autres finissent par le savoir.
Mes amis souvent me demandent conseil, et en peu de mots
je leur fais comprendre ce qu’ils doivent faire et ce qui compte vraiment.
Par ailleurs j’ai un chien auquel je fais faire de très longues promenades,
tandis qu’ il court après son bâton je songe à mon amour secret.
Dans ma vie idéale je n’aime que les femmes intelligentes,
les autres me provoquent mais je ne cède pas,
surprises, elles reviennent à la charge, mais non, je ne cède pas.
Dans ma vie idéale je ne regarde pas la télévision,
je lis beaucoup, je reste souvent éveillé la nuit
et j’écris des poésies magnifiques, comme celle-ci.
Andrea D'Urso, traduction Muriel Morelli
Robinetterie
Ma mère a toujours rêvé pour moi
d’un boulot important, respectable et représentatif,
et ses rêves sont devenus réalité : je suis représentant.
J’aime bien ce travail, il me convient, il m’est naturel,
car il est plus facile de représenter des robinets que soi-même.
Les robinets ne se posent pas trop de questions et savent rester à leur place.
Quand j’ouvre ma mallette et que je commence à feuilleter, à commenter les catalogues,
je me sens si bien que je ne m’arrêterais plus,
puis quand je devine les premiers signes de capitulation sur le visage du client,
une joie immense, primordiale s’empare de moi,
tout comme une certaine mélancolie me saisit
quand je viens d’installer un robinet,
parce qu’avec ce robinet, c’est une partie de moi qui pour toujours s’en va.
Et oui, les robinets vendus ne reviennent jamais.
Je les connais tous, mes robinets, et même ceux des autres,
les miens sont un peu mes enfants, ceux des autres un peu mes neveux.
Les gens ordinaires ne le savent peut-être pas,
mais chaque robinet a une âme et un style bien à lui.
Vous n’avez jamais remarqué ?
Un robinet qui perd c’est un peu comme un homme qui pleure.
Mais mes robinets à moi ne perdent jamais, ils gagnent toujours.
Ce sont des robinets de dernière génération, au jet dense et puissant,
le matin j’y passe mes mains
et je resterais des heures à sentir couler cette eau.
Et puis je voyage beaucoup, mon travail n’est pas sédentaire,
je découvre toujours de nouvelles villes, et même de nouvelles quincailleries.
Bien sûr, le soir quand je rentre à la maison et que je recalcule la TVA,
j’entends au fond de moi une voix qui dit :
Seigneur, pourquoi dois-je vendre des robinets ?
Pourquoi m’as-tu abandonné aux mains des grossistes ?
Ne devrais-je pas être là-haut avec toi, parmi les anges qui chantent,
promis à une vie éternelle, comme un robinet de bronze ?
Puis j’entends une autre voix qui dit :
l’an prochain je me mets à mon compte. Si Dieu le veut.
Andrea D'Urso, traduction Muriel Morelli
Science-Frisco comme vous le voyez là
il ne sait plus très bien quoi faire
ni même où aller pour l’instant
il a une faim de loup et dans
son état ça suffit à le rassurer
alors il décide de prendre la vie de cours
en poussant les portes d’un restaurant
de poissons dans Fisherman’s Wharf
au lieu de rejoindre un groupe de badauds
assis près du pont aux otaries
alors bon c’est vrai
Le restaurant est plutôt chouette
avec une vue grandiose sur la baie
et le rocher de Pop Gun Kelly
à peine installé
une vieille femme
la serveuse
s’approche en traînant la jambe
pour prendre la commande
repassez un peu plus tard
dit-il
je vous ferais signe
quand ça sera le moment
la serveuse obéit
mais sa jambe lui fait toujours
un mal de chien
plus tard
on lui apporte une salade césar
une soupe aux palourdes
un demi crabe dormeur dans un bouillon de tomates
et deux douzaines d’huitres
puis un deux et même trois desserts maison
qu’il s’empresse d’engloutir
car la vie est trop courte
et ces machins-là
décidément trop petits
il jette un coup d’œil
à la serveuse
en train de faire autre chose
à l’autre bout du restaurant
il trouve que cette vieille femme
la serveuse
c’est le portrait craché de sa mère
elle porte les cheveux longs
et ils sont blancs
et tirés en arrière par un chignon
et son regard est perdu
est accroché quelque part
comme un bout
de vêtement à une poignée de porte
dans une maison vide
ma pauvre petite maman
serveuse dans un restaurant de poissons
quelle ironie
songe-t-il
en observant un client qui porte une casquette
un polo et la casquette des Giants
et gratte le fond de sa pince de
crabe avec un pic
histoire d’en avoir pour son fric
car ici comme ailleurs
la vie est toujours une question d’argent
au moment de partir
il parcourt le bas de l’addition
et découvre que sa propre mère réincarnée en serveuse
de restaurant se fait appeler Marilyn
plutôt troublant
non ?
au loin
on entend une voix de femme qui demande
où étais-tu passé ?
et puis le bruit des vagues et puis plus rien
jusqu’au lendemain
Jean Marc Flahaut
Le réel à Ciudad Juarez
Dans la ville-frontière
de Ciudad Juarez
les services de la procureure spéciale
Alicia Perez Duarte
dénombraient déjà en 2003
379 meurtres
avec scénario identique
enlèvement / torture et sévices sexuels pendant
plusieurs jours / mutilations / strangulation
les victimes étaient des femmes
brunes et minces
parfois des fillettes
les assassinats n'ont pas cessé
les enquêteurs sont incompétents
ou bien s'en fichent
ces femmes
venaient d'un milieu pauvre
et sans pouvoir
travaillaient comme ouvrières
dans les usines d'assemblage
ou servaient dans des restaurants
leur disparition ne change pas
la face du monde
de loin en loin
on découvre des corps
dans un champ de coton
dans le désert
ou ailleurs
Daniel Labedan
Six des disparues de Ciudad Juarez :
1 Alma Margarita Lopez Garza 2 Dinora Gutierrez 3 Julieta Marleng Gonzalez Valenzuela 4 Marisela Guerra Carrillo 5 Liliana Elizabeth Montejano Sanchez 6 Ana Lidia Barraza Calderon
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Je chante les causes perdues et crains celles qui ont triomphé.
W.B. YEATS
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